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Lexique de mots employés chez Marivaux et particulièrement dans Les sincères

 

 

 

 

La sincérité

 

Dans le livre Le vocabulaire du sentiment dans les pièces de Marivaux par Choukri DABBAH EL-JAMAL, éditions Champion, Paris, 1995, le mot « sincérité » prend place dans la rubrique Intimité et communication. Dans la pièce Les sincères, la sincérité semble être un concept idéal pour les personnages. 

 

Répliques, en ordre chronologique, où le mot « sincérité » est employé dans la pièce Les sincères :

 

«Ils s’imaginent sympathiser ensemble, à cause de leur prétendu caractère de sincérité»

«toujours de la sincérité»

«que de vanité! que de duperies! que de petitesse! et tout cela, faute de sincérité de part et d’autre»

«Monsieur, si la sincérité loge quelque part, c’est dans votre coeur»

«je compterai sur ce qu’il (Ergaste) me dira; il est sincère: c’est par là que je l’estime»

«je réponds de la sincérité de mes sentiments, mais je n’en garantis pas la justesse»

«À la bonne heure; mais quand on a le goût faux, c’est une triste qualité d’être sincère.»

«Le plus grand défaut de ma sincérité, c’est qu’elle est trop forte»

«vous me paraissez rêver -- Non, c’est que je m’ennuie; ma sincérité ne vous choquera pas; Ah! je respire. Quel homme avec son imbécile sincérité!»

«Parlez, Madame, car je suis piqué; c’est votre sincérité que j’interroge.»[1]

 

 

Citations et réflexions sur la sincérité :

 

« La sincérité empêche de parler autrement qu’on ne pense; c’est une vertu. [...] un homme sincère ne veut point tromper. [...] La sincérité fait le plus grand mérite dans le commerce du cœur. [...] Le sincère est toujours estimable.

-Abbé Girard [1677-1748], Synonymes français.»[2]

 

 « Il arrive qu’on interroge autrui, plus ou moins anxieusement, pour apprendre la vérité ou savoir si l’on est considéré comme sincère; mais la sincérité d’autrui peut toujours être mise en doute, car toute passion, tout engagement vécu, entraîne les soupçons. [...] Pour reprendre une formule très ironique de la Marquise de l’Heureux stratagème, on n’est probablement jamais «naturellement vrai» et le plus sûr garant de la «sincérité», c’est qu’on laisse éclater la vérité malgré soi, comme il arrive si souvent dans les pièces de Marivaux [...] Les personnages qui fournissent son titre à la comédie des Sincères vont jusqu’à s’imaginer qu’ils sont la sincérité même; mais leur « sincérité » n’est jamais qu’indifférence aux autres, complexe de supériorité et même (chez la Marquise) volonté de puissance: ils tombent bientôt dans tous les pièges que leur tendent leur amour-propre et leur vulnérabilité. Ce qui apparaît finalement, c’est que la sincérité relève d’une attitude globale qu’on pourrait à peu près appeler honnêteté. L’adjectif «sincère», d’emploi assez rare, est d’ailleurs presque toujours appliqué à des êtres, plutôt qu’à des airs ou des comportements, dans les pièces de Marivaux»[3]

 

 

Inclination(s)

 

Définition tirée du livre Le vocabulaire du sentiment dans les pièces de Marivaux : «qui diffère de disposition ou penchant, le premier étant vague et le deuxième habituellement plus honteux, à l’époque. La Marquise dit à Dorante : «je doutais même que vous m’aimassiez, et je résistais à mon penchant pour vous.» Les sincères p.47 rép.349 ) »

« Depuis sa mort, je me suis senti, il y a deux ans, quelque sorte de penchant pour un étranger qui demeura peu de temps à Paris, que je refusai de voir, et que je perdis de vue […] » ( La Marquise à Ergaste, Les sincères réplique 269 )

 

« HORTENCE : Et il (Ergaste) vous disait qu’il m’aimait ? LA COMTESSE : Il me semble que oui; du moins me parlait-il de penchant. » ( Le Legs réplique 247 )

 

« Je ne vous aimait pas non plus, Ergaste, je ne vous aimais pas; je me trompais, tout mon penchant était pour Dorante. » ( Les sincères réplique 411 )

 

« Je suis sûre qu’il a de l’inclination pour la Comtesse […] » ( Le Legs réplique 2 )

 

« LA MARQUISE : Est-ce que nos cœurs ont de la raison ? Il entre tant de caprices dans les inclinations ! ERGASTE : Il vous en a fallu de plus déterminés pour pouvoir m’aimer avec de si défauts […] » ( Les sincères réplique 276 )

« Vous Lépine, voudriez-vous exciter le Marquis à le déclarer à la Comtesse ? Et vous Lisette, disposer la Comtesse à se l'entendre dire ? » ( Le legs, réplique 31 )

Citations et réflexions sur l'inclination :

«[...] les inclinations traduisent les tendances profondes et les motivations irrationnelles et secrètes de nos choix inconscients ou conscients qui sont à l’origine de nos goûts et de notre caractère.»[4]

«Il est important de signaler que chez Marivaux, l’inclination apparaît comme une étape décisive, parmi d’autres, sur les chemins qui mènent à l’amour. L’inclination devient alors synonyme d’attachement, d’amour ou de passion et non pas d’égarement ou de désordre. [...] dire qu’on a de l’inclination pour quelqu’un implique une préférence individuelle ou un choix basé sur le sentiment intérieur qui est le fil conducteur de la quête passionnelle de l’être marivaudien.»[5]

 

 

[1] Extraits de la pièce Les sincères, tiré du livre Le vocabulaire du sentiment dans les pièces de Marivaux par Choukri DABBAH EL-JAMAL, éditions Champion, Paris, 1995, p.320-321.

[2] Le vocabulaire du sentiment dans les pièces de Marivaux par Choukri DABBAH EL-JAMAL, éditions Champion, Paris, 1995, p.321.

[3] Idem, p.321, 322.

[4] Idem, p.127

[5] Idem, p.129

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