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Marivaux,moraliste.

   

 

 

 

 

 

 

 

 

        Au début du 18ème siècle, l’honnête homme est celui qui présente un équilibre parfait entre sagesse et vertu chrétienne. C’est un idéal d’humanité. Dans la deuxième moitié du siècle, le terme se renouvelle. Madame de Lambert et Marivaux veulent que le terme d’honnête homme puisse être lié à celui d’homme de mérite. L’auteur mènera ce combat tout au long de son œuvre. Les sincères et Le legs n’y échappent pas. En observateur hors-pair, il dessine habilement les travers de la société dans laquelle il vit. C’est pourquoi il serait juste de le nommer moraliste.

                                                       

En tant que moraliste, il souligne aussi les différentes classes sociales. Marivaux écrit : « C’est un mauvais quart d'heure à passer pour un homme riche et vicieux que d'essuyer en pareil cas le dédain d'honnêtes gens, pauvres comme nous l'étions; je crois qu'il se trouve bien petit devant eux, qu'il se sent bien lâche, et que leur indigence et leur vertu le rendent bien honteux de ses vices et de son opulence. ».[1] Marivaux lui-même n’était pas très riche. Sa situation financière était déplorable et il fut ruiné après la mort de sa femme. Ce qui ramène au Legs, une pièce dans laquelle l’argent (une dot) est l’obstacle principal à l’amour. Catherine Vidal considère même l’argent comme un personnage à part entière. Effectivement, quand on se concentre sur le texte, on comprend que ce qui empêche l’honnêteté est la fameuse dot de mariage que Le Marquis doit pourvoir à Hortense. Dans Les sincères et Le legs, Marivaux s'intéresse aux rangs sociaux. Les valets occupent une place importante au sein de son univers dramatique. Ils sont les maîtres du jeu et semblent davantage intelligents que les gens fortunés. L’argent surplombe la morale.

[1] Marivaux, Le Spectateur français, 25e. f., p. 306.

     Peu importe pour Marivaux, si la politesse est essentielle, elle perd de sa valeur si

elle n’est pas accompagnée d’une sincérité profonde. Dans Les sincères, il s’amuse

à constamment faire changer d’avis ses personnages. Les nombreux détours parcourus

démontrent à quel point il est difficile d’avouer une passion amoureuse. De plus, Il utilise

la politesse mondaine pour créer des effets comiques. L'auteur tente de faire tomber les

apparences pour expliquer qu’un honnête homme n’a pas besoin de masques. Selon

Marivaux, la véritable galanterie passe par l’âme, la spontanéité et la passion. La

raison, lorsque le sentiment est véritable, émane par elle-même. Il faut tout simplement

être ce que nous sommes et tenter d’éviter les supercheries. Marivaux nous rappelle que

même si le masque est toujours présent, il faut essayer d'enlever le plus de voilage

possible pour essayer de se parler et de se comprendre.

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